Vous êtes nombreux et nombreuses à nous poser des questions au sujet de la garde des enfants au Canada..
On a tardé à faire un post la dessus car la situation n'était pas celle que l'on espéré dans le sens où cela ne s'est pas très bien passé pour Aymerik..
Il était difficile pour moi, pour nous d'ailleurs, de gérer la situation et surtout d'en parler, de poser les mots dessus.
Après, on est sans filtre avec vous, on vous partage nos joies, nos bonheurs, nos bons moments mais pas que. L'expatriation a du bon mais il n'y a pas que des choses positives. Alors on a décidé de vous faire ce petit article pour vous expliquer un petit peu notre ressenti. Parce qu’après tout, on ne vient pas d’emménager dans le pays de Oui Oui.
Déjà, il est important de connaitre le fonctionnement des modes de garde ici.
(Je vous cache pas que le texte en italique vient d'un site très bien fait et que j'ai juste pompé : https://immigrantquebec.com )
" Au Québec, les enfants ne sont scolarisés qu'à partir de 5 ans pour une année de maternelle. Si certaines écoles offrent tout de même la possibilité de faire une année de prématernelle dès l'âge de 4 ans, elles ne sont pas la norme. Les parents doivent donc recourir à un système de garderie pour leurs enfants de 0 à 5 ans.
► Les centres de la petite enfance (CPE) sont des organismes à but non lucratif subventionnés par l'État québécois. Leur coût, peu élevé, se divise entre une contribution de base et une contribution additionnelle proportionnelle aux revenus des parents. La contribution de base est de 8,05 $ CAN par jour et par enfant (au 1er janvier 2018). "
→ Concrètement il ne faut pas compter dessus. Les québécois ont énormément de mal à obtenir des places et ils attendent des mois et des mois avant d'avoir des réponses positives si il en ont.
► Les garderies privées subventionnées ou non sont des entreprises à but lucratif. Les garderies subventionnées offrent des places à contribution réduite tandis que les autres fixent elles-mêmes leur tarif (généralement entre 40 et 60 $ CAN par jour).
→ C'est de celles là dont je vais vous parler ..
► Les services de garde en milieu familial permettent à votre enfant d'être gardé dans une résidence privée par un responsable des services de garde ayant validé une formation spécifique et soumis à des normes prévues par la loi. Ces endroits peuvent également offrir des places à contribution réduite.
→ En gros, c'est ce qui remplace les assistantes maternelles chez nous. Cela n'était pas notre premier choix.
► La gardienne : vous pouvez confier votre enfant à une personne qui viendra à votre domicile. Dans ce cas, elle pourrait être considérée comme une salariée. Pour faire garder vos enfants quelques heures dans la semaine, des jardins d'enfants ou des haltes-garderies proposent ce service.
→ On ne voyait pas trop l'intérêt dans le sens où on part vivre à l'étranger et que notre souhait c'est qu'ils puissent s'enrichir au contact d'autres enfants, pas de rester enfermer à la maison..
Nos démarches depuis la France :
Nous voilà donc après toutes ces explications trouvées sur Internet, à la recherche d'une garderie privée. C'est ce qui nous semble le mieux adapté pour nos enfants.
Pour rappel en France, Aymerik était scolarisé en TPS (que le matin car il est né en Janvier et à donc intégré l'école à 2 ans 1/2) et Andrea allait à la crèche quelque jours dans la semaine depuis ses 4 mois.
"Vous pouvez inscrire votre enfant sur la liste d'attente du portail « La Place 0-5 », qui est le guichet unique d'accès aux places en service de garde à contribution réduite "
A distance depuis la France, nous avons donc inscrit nos deux enfants dans quasi toutes les garderies (et CPE au cas où !) autour de notre future maison. Un numéro canadien était demandé lors de l'inscription, nous avons mit celui de mon cousin qui est vers Montréal.
Les semaines sont passées sans n'avoir aucune nouvelles. Puis un soir, nous avons reçu un mail nous prévenant qu'une place était libre ! On a attrapé le téléphone, fixé un rendez vous pour la visiter quelques jours après notre arrivée.
Arrivé au Canada :
Arrivée à Montréal nous recevons une deuxième réponse positive !
Deuxième rendez vous de fixé ! Ouf quel soulagement, nous allons même avoir le luxe de choisir entre les deux.
Nous voilà donc parti pour la première visite.
1/ Cette garderie coûte 40$ par jour, par enfant, mais elle a pour l'instant qu'une seule place, pour Aymerik. Elle est a 16km de notre domicile , environ 25 minutes de voiture. La route n'est pas désagréable mais on s'imagine déjà cet hiver la pratiquer et on se dit que les 25 minutes risquent de se transformer en beaucoup, beaucoup plus avec la neige.
Elle ressemble à une grosse maison à plusieurs étages. Elle est en bordure de route, l'environnement est plutôt sympa mais on se dit que niveau sortie cela reste limitée. Il n'y a rien autour, il ne faut pas espérer qu'il puisse aller avec elle à la bibliothèque par exemple.
On est mitigé sur la visite. La directrice est accueillante, souriante, très sympathique mais je pense qu'on a en tête le fait qu'il y a un deuxième rendez vous pour une garderie plus proche de chez nous..
2/ Cette garderie coûte 42$, elle est à 3km de chez nous, 5 minutes en voiture. Elle a de la place pour Aymerik ET pour Andrea. Plutôt pratique..
Je suis accueillie par une des éducatrices très enthousiaste qui me fait visiter les locaux. La garderie ressemble plus à une "école" que ce soit l’extérieur ou l’intérieur ce qui est pas mal pour la transition pour Aymerik.
Il y a une salle par tranche d'âge, la pouponnière pour Andrea est au rez de chaussée et celle d'Aymerik est à l'étage. Je trouve cela génial pour lui que les deux endroits soient bien différenciés, qu'il n'ai pas l’impression de régresser et de se retrouver avec les bébés. Le personnel de la pouponnière est très sympathique, il y a des jeunes mais aussi des personnes plus expérimentées ce qui est assez rassurant.
A l'étage, l'éducatrice me montre la salle d'Aymerik et m'explique que c'est un éducateur qui s'occupera de lui, de sa section.
La visite me semble positive, les extérieurs sont biens, il ont très souvent la possibilité de sortir à pieds dans les parcs environnants. On décide donc de les inscrire.
Premier jour :
La première journée est difficile, très difficile. Nous ne voulions pas trop attendre avant de les remettre dans le système car on le sait que plus on attend, plus c'est compliqué.
Pas pour Andrea, elle est habituée à aller en garderie, nous avons pu la poser lors de nos vacances au Maroc au baby club sans soucis, je ne m'inquiétais pas pour elle. En plus elle est arrivée lors d'une collation, parfait pour débuter sa journée, elle qui ADORE manger.
Pour Aymerik, compliqué.. Nous lui avons vendu" cela comme une école, différente de celle qu'il avait en France. Lui expliquer qu'il irait dans une garderie était trop dur à comprendre pour lui.
Un nouveau pays, nouvelle ville, nouvelle maison, nouvelle école, nouveau locaux, nouvelle enseignant, nouveau copain, nouveau rythme, nouvel accent.. bref ça fait beaucoup pour un petit bonhomme de 3 ans 1/2.
Il pleurs, s'accroche à notre cou, ne veut pas y aller. L'éducateur n'est pas très avenant, pas bien loquace. Il a en tête sa maîtresse qu'il aimait beaucoup et son ATSEM Valérie qu'il adorait tellement. Il nous a souvent dit durant le déménagement, qu'il aurait une nouvelle maîtresse et une nouvelle Valérie au Canada. Le côté féminin et maternant lui manque grandement dans cette "classe".
Nous le laissons tout de même pour la journée, le coeur gros et les larmes coulant de chaque côté, pour lui dans sa classe, pour moi dans la voiture.
On le savait que ça allait être dur mais on a beau y être préparé, ça fait mal.
On le récupère plus triste que jamais.. On essaie de trouver du positif, on a du mal.
On retente la 2e journée, je demande à l'éducateur si il a de quoi dessiner pour "l’apprivoiser". Aymerik est fan de loisirs créatifs. Il pourrait passer des heures à dessiner, colorier, peindre, découper.. l'éducateur met un long moment à trouver une simple feuille et un stylo..
Avec Steve on se regarde, on se questionne..
Le soir on demande à Aymerik ce qu'il fait de sa journée, il nous dit rien.. " Il y a des crayons pour dessiner ? Non.. Des livres ? Non.. Tu fais quoi la bas ? Je dors "..
Le 3e jour aussi dur que les autres, on observe attentivement les locaux. Effectivement, il n'y a "rien" ou presque.. On finit par se demander ce qu'ils font .. En réalité, les enfants passent plusieurs heures dehors dans la petite cour. L’après midi, c'est la sieste.
On comprend très vite que c'est une garderie, tout ce qu'il y a de plus basique.
La description vendait du rêve sur le papier et sur le site internet La place 0-5 ans..
Nous n'avions sélectionné que des garderies qui pratique l'anglais, qui avait un programme, qui semblait fournir des activités diverses et variées.
Clairement, on en est loin mais alors très très loin.
Payé 42$ par jour et par enfant pour qu'ils s'épanouissent ? sans problème, on le fait et on le fera. Mais payer cette somme pour entendre Aymerik nous demander en arrivant la bas à la garderie à 9h du matin si il peut aller dormir (tellement il s'ennuie je pense), non.
Après, on avait pas le choix. L'emménagement de la maison arrivait, nous avions tous l'électroménager à acheter ainsi que tous les meubles, puis à charger, décharger, assembler en peu de temps, on ne pouvait pas se permettre de garder les deux enfants dans nos pattes. Nous avons donc continué à poser les enfants, mon coeur de maman ayant mal, très mal (et celui de papa également)..
Ce jour là Aymerik a voulu être fort et courageux, il avait les yeux remplit de larmes, mais il n'a pas pleuré. Il a avalé tout ça et nous a fait un sourire forcé pour ne pas nous faire de la peine. Du haut de ses 3 ans, il a prit sur lui. Moi, je me suis effondrée dans la voiture. Steve n'avait pas les mots non plus, je sais qu'il avait la même douleur que moi à ce moment là. Et la on se dit mais qu'est ce qu'on a fait ? Quel idée..
On est triste, en colère, on s'en veut. Pourquoi lui imposer ça ..
Il faut savoir que notre fils est un petit garçon plein de ressource. Il est tendre, débrouillard, un peu râleur et têtu mais il a bon fond. C'est un enfant très sensible, il n'aime pas voir les gens pleurer, il a facilement de la peine. Il a énormément d'empathie.
Il est doué de ses petites mains et est en avance sur beaucoup de choses. Ses dessins sont évolués, il maîtrise des lettres, il sait compter, il déchiffre des mots. Il peut se concentrer des minutes voir des heures sur une activité. Tellement, qu' un jour on s'est même demandé si cela ne caché pas quelque chose, haut potentiel certains penseront ou juste un enfant passionné.
Peu importe en fait, on se rend juste compte, que c'est un enfant qui a besoin d'être stimulé intellectuellement, il a besoin qu'on l'occupe, qu'on lui donne "du travail" comme il dit. Le laisser dans cette environnement n'est juste pas envisageable. Il ne va pas s'épanouir, il pourrait même régresser.
Ce jour là, il a comprit que l'on avait pas le choix, et il a réagit comme ça pour nous faire plaisir. C'est encore pire je crois. On s'est ressaisit et on s'est fait la promesse avec Steve de lui trouver autre chose.
Le soir même je visitais une garde en milieu familial (une nounou en gros). On prends sur nous, on se dit qu'il ne faut pas être buté à vouloir une garderie à tout prix, qu'on peut voir autre chose aussi.
Catastrophique.. Encore un moyen d'avoir de l'argent ça se sentait à chaque parole..
Question sécurité, juste impossible d'imaginer Andrea dans cet univers. La cage avec le lapin, posé sur le micro onde, lui même posé sur un frigo au sol.. Hygiène, n'en parlons pas, les biberons posés un peu de partout. Une petite pièce pour la sieste, où plusieurs lits parapluies se chevauchent. Il faut apporter le notre.
Question locaux, une seule petite pièce au sous sol (fenêtre réduite) avec une chaleur étouffante, sans climatisation..
Et contact avec la personne bof bof..
Du coup on laisse tomber.. J'en appelle quelques unes, le contact passe mal.
Plus les jours passent, plus il est facile de poser Aymerik. Il s'est habitué à l'éducateur et à ses nouveaux copains. Nous sommes soulagés de ce changement mais nous n'avons pas pour autant changer d'idée : il faut qu'on lui trouve autre chose.
Après de multiples recherches, nous avons découvert une école qui allait ouvrir une "pré maternelle" à la rentrée avec un vrai programme cette fois. Il y a une super équipe éducative et des professionnels de type orthophoniste, pshychologue.. travaillant au sein de la structure en collaboration avec les enseignants.
La directrice que j'ai eu au téléphone à comprit notre inquiétude et a su trouver les mots justes. Nous avons vraiment l’impression d'avoir trouver une pépite. Inscription faite, nous devons avoir une visite et un rendez vous au mois d'Août quand les travaux seront terminés.
Nous commençons doucement mais surement à en toucher deux mots à Aymerik, à le préparer. Il ne veut pas en entendre parler pour l'instant, il s'est habitué au rythme de la garderie et l'idée de changer lui fait peur.
Cela va être dur on en est conscient mais nécessaire pour l'avenir. Pour Andrea nous allons pour l'instant continuer à la pouponnière. Elle semble y être très bien, tends les bras facilement aux éducatrices et n'a pas l'air traumatisé du tout quand on l'a récupére !
Voilà pour notre expérience "garderie". Mon avis, c'est qu'il ne faut pas s'attendre à autres choses qu'a une simple garderie classique. Les enfants ne sont pas maltraités loin de là, mais ils ne sont pas du tout stimuler.
Je ne peux pas parler de généralité, il doit bien en avoir qui sont différentes, mais voilà mon ressenti après en avoir visité plusieurs et en avoir discuté avec plusieurs expat. Ce n'est pas moins bien ou mieux qu'en France, c'est juste totalement différent. Il faut en avoir conscience. Ils vivent sur un autre rythme.
En même temps, c'est quelque chose que l'on avait remarqué nous chez les adultes, je ne vois pas pourquoi ce serait différent chez les petits ici.
Ne vous fiez pas au description papier, il faut vraiment visiter et avoir le "feeling".
Ne vous inquiétez pas non plus de ne pas recevoir de réponses positives du site La place. J'ai l'impression que les données ne sont pas à jours, et qu'ils font bien comme ils veulent ici en terme d'inscription. Il y a toujours de la place par ci et par là, le marché est loin d'être saturé. Je ne connais pas la réglementation, mais on a juste l'impression que tout le monde peut ouvrir une garderie ici. Garder bien ça en tête, on peut y voir du tout et n'importe quoi..
Enfin question finance, il faut savoir qu'il y a une allocation accordée sous forme de crédit d'impôt pour la 2e année :
"Si la garderie où vont vos enfants n'est pas subventionnée, les frais que vous devrez acquitter vous donneront droit à un crédit d'impôt calculé sur votre revenu familial. ...
Cependant, si vous avez un statut de travailleur temporaire (ou d'étudiant international), vous ne pourrez pas bénéficier du crédit d'impôt par versements anticipés. Vous pourriez recevoir le crédit d'impôt seulement une fois par an après votre déclaration d'impôt. C'est important d'avoir cela en tête car ceci aura des conséquence sur votre trésorerie mensuelle. A titre d'exemple, si vous avez deux enfants en âge d'aller à la garderie, et que vous avez des places dans une garderie privée non subventionnée, cela signifie que chaque mois, vous payerez environ 1500 $ à 2000 $ (basé sur un coût moyen de 40 $ par jour et par enfant) de frais de garderie. Et vous ne toucherez le crédit d'impôt qu'après votre déclaration annuelle de revenus."
Si vous avez des questions n’hésitez pas, on est à ce jour beaucoup plus serein sur l'avenir. Il faut juste je pense, prendre le temps de trouver chaussure à son pied.
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