Comme indiqué précédemment nous sommes arrivés à l'aéroport de Montréal avec notre chargement et nos deux enfants..
On avait prévu 3 jours sur place, et bien honnêtement c'était LARGEMENT suffisant pour nous, largement suffisant aussi pour se rendre compte que ce n'était pas du tout mais alors pas du tout ici que nous souhaitions nous installer !
Ces 3 jours sur place au cœur de la ville nous ont beaucoup questionné..
On s'est dit " mais qu'est ce qu'on a fait ?? ..."
Moment de solitude et d'interrogation..
Je me suis demandé au fond de moi si nous avions fait le bon choix.. Tout quitter, tout vendre, partir à 0 pour arriver là .. euh comment dire, que ce n'était pas ce que j'avais imaginé.. Pourquoi déjà, on a fait ce choix ?
J'ai croisé le regard de Steve à plusieurs reprises et je savais qu'il pensait exactement comme moi, qu'il avait les mêmes craintes et les mêmes interrogations.. Pas besoin de parler, on se connait assez. Je pense qu'on savait aussi tous les deux que si on mettait les pieds dans le plat et que si nous avions LA discussion on arriverait pas à trouver du positif et surtout, nous connaissant on serait capable de plier bagage en 5 minutes.
Oui, mais voilà, ce choix on l'a fait ensemble et on a embarqué avec nous nos enfants (et notre chienne !). On a pas fait ça sur un coup de tête (quoique.. on y reviendra un jour dessus ^^ )
Nous voilà donc avec nos affaires chargés dans le minibus, direction notre Airbnb à 30 minutes environ de l'aéroport.
En 5 minutes de route, on se confronte déjà à la circulation de Montréal.. Une catastrophe ! Les gens ne sont pas courtois du tout (pire que des Parisiens vraiment !), les limitations de vitesse ne sont pas du tout respectées, ça se klaxonne de partout, ça se colle..
Panneau, signalisation, tout est nouveau pour nous. Steve au volant de son minibus automatique suit le GPS ( Merci Waze, notre sauveur). Le paysage que l'on voit ne me plait guère. Des grandes tours, des petites maisons, des ponts, des autoroutes par ci et par là.. L'impression que rien n'est organisé. Je ne vois rien de beau en fait.
On sort du centre ville, on se retrouve dans une ruelle avec pleins de condo, appartements.. Première impression ? C'est crade, ça pue.. il y a du bazar de partout, devant, derrière les maisons. On dirait limite que les éboueurs sont en gréve.
On arrive dans notre location, on ouvre la porte : même constat..
Aymerik râle, ça sent pas bon, il a faim, Andrea aussi, ça pleurs. Il est quasi 2h du matin pour nous avec le décalage. Je décide de laisser Aymerik avec Steve et je pars en poussette avec Andrea au coin de la rue dans une petite supérette que j'avais repéré en voiture.
J'arrive devant, 3 marches pour rentrer dedans, je me débat avec la poussette pour monter et ouvrir en même temps cette porte. Je me sens bien seule, je suis regardé de la tête au pied. Certes mes 8h d'avion + 2h40 de douane + le reste me font sentir local mais quand même.. Je parcours les allées de la supérette avec difficultés tant l'espace est rikiki et clairement on ne me laisse pas passer. Je me fais limite bourrer par une femme qui souhaite accéder aux bières, génial, ça met dans l'ambiance.
Je me sens observé par le gérant, un asiatique qui semble pas des plus aimable. C'est la première fois que je me sens "étrangère", repéré, catalogué en gros..
Je pars à la recherche de quelque chose de "connu". Pour ce soir, on fera pas de la grande cuisine, je me jette sur le 1er paquet de pâte, knacki et pot de 1kg de mayonnaise (pas trouvé moins..). Dans mon panier : rouleau de PQ (essentiel !), du lait pour les petits pour le lendemain (je laisse tomber l'idée du lait de croissance pour Andrea au vue de la taille minuscule du rayon bébé..), des gâteaux et un petit paquet de bonbon pour mon choupi.
J'arrive à cette fameuse caisse et je tends un bonjour qui ne me sera pas rendu, je me dis que ça commence bien. Le gérant fourre toutes mes affaires dans un sac, j'avais lu quelque part, (et oublié) que c'était comme ça ici, on ne range pas nous même nos affaires dedans mais bien le personnel du magasin. Il me montre le montant à régler. Je lui tend alors ma Mastercard (qui fait international) et il me sort "non, non, pas Interac, pas d'achat" et il pose mon sac sur le côté et enchaine avec le client suivant..
Interac ? Interac de quoi ? je ne comprends rien, je veux juste payer mon paquet de pâte et rentrer me coucher bordel ! J'ai envie de pleurer franchement. Après une journée pareil : les adieux, la perte du sac à langer, le vol, l'immigration.. son "pas d'interac, pas d'achat" passe mal..
Je questionne les personnes dans la file, "comment je dois faire ? " en mode désespérée je pense, c'est même sûr.. Un jeune qui ne me semble pas canadien non plus, me dit que le mieux c'est que je retire au distributeur à l'entrée du magasin. Je le remercie 10 fois et je suis son conseil.
Voilà pour notre fin de journée on se dit que ça ira mieux demain, enfin on l'espère..
Aymerik dort avec Steve, moi avec Andrea, pas eu le temps d'acheter un lit parapluie. On improvise pour le 1er soir..
Le lendemain nous allons direction le centre ville faire mon NAS (numéro de sécurité sociale nécessaire pour pouvoir travailler). Les enfants pleurs encore et toujours, dans le minibus. Ils en ont marre de bouger, marre de la route, mais clairement on a pas le choix. Je ne me voyais pas conduire ce truc immense, automatique (une première pour moi), dans un pays étranger.. On ne comprends pas tout à la signalisation : des feux verts qui clignote, un passage au feu rouge autorisé si on va à droite, pas de priorité à droite.. qui doit passer ? à quel moment ?
Franchement les premiers jours c'est de l'impro total.. on s'avance au carrefour et on voit lol
Une fois cette étape de passée, on enchaine avec le rendez vous banque, les courses..
On part aussi à la recherche d'un lit parapluie. On "magasine", on fait plusieurs enseigne, même constat. Les gens sont froids, distant, malpolis des fois. On attend pour avoir un renseignement chez toys r'us pour le lit, on attend à la caisse, on attend pour le récupérer.. Tout est lent, le personnel fait dépité, pas réactif, l'impression de les emmerder clairement.. Idem à Walmart, IGA.. On se rend très vite compte que tout le monde parle Anglais, très peu Français.
On n'entendra pas une seule foi un bon Québecois avec un accent à la hauteur de ce qu'on espérait. Déçue. C'est le terme, cette ville est décevante (pour nous hein).
L'impression d'être en Angleterre, en Asie, en Australie, en France enfin de partout sauf au Canada..
On compte les heures avec Steve de notre départ direction Québec. On est tous les deux rempli d'espoir, on croise les doigts et on espère de tous cœur que la vie sera différente la bas, qu'on ai pas fait tous ça pour rien..
Sur la route, les bâtiments laissent rapidement place à de grands espaces, à de la verdure, à des forêts. On s'arrête au premier magasin que l'on trouve en arrivant à Québec, un IGA. Je rentre dedans, un bel espace avec des fruits, des légumes, une belle ambiance. A la caisse, on échange avec le personnel, les petits charment la caissière, on rigole avec eux. Punaise des gens sympathiques ! avec l'accent de crotte ! ENFIN !
Retour au minibus, on ferme la porte, je croise le regard de Steve : on respire, de soulagement principalement. Bordel, on y est !!
Voilà ce que l'on imaginait du Canada, voilà la vision que l'on en avait. On se sent tout de suite plus serein. Un poids énorme s'enlève de nos épaules.
L'aventure peut commencer, on peut ralentir la cadence, on y est.
Pour conclure, je tiens à rappeler encore une fois que c'est notre ressenti. On est persuadé que cette ville à beaucoup à offrir.
Notre état d'esprit lors de notre arrivée et surtout de nos espérances sur place ne nous ont pas aidé à l'apprécier à sa juste valeur.
Puis il ne faut pas oublier, on est pas des citadins nous.. on vient de nos deux petits villages dans la campagne lyonnaise, et cela nous convient bien.
Je viens d'arriver sur Montreal et je partage votre ressenti !!!! J'ai hâte d'aller rejoindre la province !!!!